Déposition faite par Félix Allard-Peignois.
Le samedi, vers 10 heures du matin, les Allemands sont entrés chez nous, enfonçant la porte et brisant tout ce qui leur tombait sous la main. C’étaient des cavaliers. Ils sont descendus plusieurs fois dans la cave, où nous nous trouvions, pour se rendre compte si nous ne cachions pas de soldats français. Ils ne nous firent aucun mal, mais un officier nous avertit que l’infanterie qui suivait serait très méchante.
Vers 2 heures de l’après-midi, entendant au dehors un tumulte effroyable et voulant me rendre compte de ce qui se passait, je remonte de la cave et je vois sur la grand-route qui passe devant ma maison des Allemands encadrant un assez grand nombre de soldats français désarmés, les bras en l’air.
Leurs sacs et leurs armes avaient été déposés contre la maison du voisin, et les prisonniers étaient rangés contre le talus de la route, juste en face de chez moi.
Un peloton d’infanterie se place devant eux et au commandement d’un officier, une salve éclate couchant par terre tous les Français. Ceux qui vivaient encore furent achevés à coups de revolver ou de baïonnette. J’en avais assez vu, et je redescendis terrifié dans la cave.
Il paraît que deux ou trois soldats français blessés purent se relever. Quoiqu’il en soit, lorsque le mardi suivant les civils furent forcés d’inhumer les cadavres, ils comptèrent en face de ma maison 64 soldats français tués. Les Allemands y avaient apporté dès le dimanche ceux qu’ils avaient fusillés rue Bohet. On les déposa tous dans une fosse commune avec le cadavre d’un civil.