Déposition faite par Léon Collignon.
Ma mère était remontée pour nous préparer le café, lorsque des Allemands, hurlant comme des fauves, enfoncent la porte. Ma mère épouvantée s’empresse de redescendre dans la cave; mais les soldats l’avaient aperçue et se mirent à tirer par le soupirail, sans atteindre personne heureusement.
Alors les bourreaux résolurent de s’y prendre autrement : ils bouchèrent hermétiquement l’entrée du soupirail, mirent le feu à la maison, puis stationnèrent dans la rue pour contempler les effets de leur œuvre.
Bientôt la place devint intenable et, pour comble de malheur, l’escalier en bois, conduisant à la cave, prit feu. Alors, mon père, Octave Collignon, mon frère Victor et moi, par des efforts surhumains et en nous aidant mutuellement, nous parvînmes à remonter, mais à peine étions-nous arrivés au rez-de-chaussée, que la cheminée s’écroula, obstruant complètement l’entrée de la cave.
Plus moyen de porter secours par l’intérieur à tous ceux qui hurlaient de douleur et de désespoir et dont les cris nous fendaient le cœur. Devant la maison les soldats faisaient toujours bonne garde. Nous ne fûmes pas aperçus d’eux, mais il ne nous fut plus possible de sauver les nôtres.
Lorsque, le vendredi, on parvint à déblayer un peu les décombres de la maison, on retrouva dans la cave dix cadavres, la plupart carbonisés.
Voici les noms des victimes :
- Ma mère, Marie PETREMENT, 41 ans, épouse Collignon
- ma soeur, Marie COLLIGNON, 8 ans
- mes frères, Charles COLLIGNON, 6 ans, Ernest COLLIGNON, 4 ans, Florent COLLIGNON, 1 an
- mes grands parents, Nicloas PETREMENT-SERVAIS, 72 ans, et
- son épouse, Anne-Marie SERVAIS, 66 ans
- Catherine SERVAIS, 54 ans, épouse Bastin
- sa fille Clémence BASTIN, 23 ans, épouse Gaule, et
- son fils, Fernand GAULE, 5 ans.