N°842

Déposition faite par Jean-Baptiste Tillière-Lejeune.

Vers 4 heures de l’après-midi, je sors de la cave où je me tenais caché avec les miens, et je me rends sur le seuil de la porte. J’aperçois un groupe de soldats français encadrés d’Allemands qui remontent la rue.

L’un des prisonniers me montrant sa tartine me dit : c’est la dernière. A peine ont-ils dépassé ma maison qu’il s’opère dans le groupe un certain tumulte.

Les Allemands font mettre en rang les soldats français près de l’abreuvoir, en face de la maison de Joseph Peignois, après en avoir écarté trois blessés, qu’ils conduisent à l’ambulance du moulin. Les autres, au nombre d’une quinzaine, sont aussitôt fauchés à bout portant par une mitrailleuse.

Le lendemain matin, vers 3 heures, je vis des Allemands relever les cadavres des soldats français tués et les transporter sur une charrette à bras un peu plus haut, en face de la ferme Allard, où se trouvait déjà un monceau plus considérable encore de victimes.